Origine et description :
Dernière race reconnue de chèvre en France en 2013, sauvée de justesse avec seulement 78 individus retrouvés en 2007, la chèvre de Lorraine est la race locale du quart nord-est de la France. Chèvre de grande taille, caractérisée par son poil herminé gris, elle accompagnait notamment les troupeaux de moutons transhumants en Lorraine. Actuellement avec près de 600 individus inscrits au goat book, il s’agit de la plus rare des races locales de chèvre en France.
Usage :
Race rustique mais néanmoins laitière, elle trouve sa place dans des élevages laitiers avec traite et transformation recherchant une production de lait suffisante pour vivre de la transformation et de la vente et moins coûteuse que les élevages intensifs. La charte des éleveurs de chèvre de Lorraine prévoit ainsi une alimentation à base de foin, une quantité de concentré limitée à 500 gr/jour et l’obligation d’accéder à un parcours extérieur en saison de végétation. Les volumes de lait relevés sont de 500 à 800 kg par lactation (270 jours), ce qui place la chèvre de Lorraine comme une race intermédiaire entre les races d’élevage intensif (Saanen et Alpine), et les races locales à plus faible production laitière (chèvres des Fossés, du Rove, Pyrénéenne, du Massif Central). Sa grande taille lui permet par ailleurs de bien valoriser les fourrages grossiers. La taille minimale au garrot est de 68 cm pour les chèvres, 73 pour les mâles, avec des poids moyens de 60 à 80 kg pour les chèvres, 70 à 100 kg pour les boucs. Elle est également utilisée pour différents projets d’écopaturage, dont un projet d’élimination de la renouée du Japon par pâturage caprin.
Avantages :
Cette rusticité et cette aptitude à valoriser des fourrages grossiers a pu être conservées par l’existence d’éleveurs pratiquant de manière importante du parcours avec leurs chèvres. Au niveau de la gestion des milieux naturels, la chèvre de Lorraine, comme les autres chèvres rustiques, offre l’avantage d’une préférence alimentaire orientée vers les ligneux, avec 70 à 100% de la biomasse ingérée composée de feuilles d’arbres et d’arbustes. Ce comportement alimentaire protège les chèvres du parasitisme et leur donne accès à une ressource alimentaire peu consommée par les ovins, bovins et équins, avec une bonne capacité de report au cours de l’année.
Dans le cas de la restauration de pelouses, nardaies ou prairies à partir de milieux boisés, le gros avantage est que les chèvres vont spontanément privilégier la consommation des rejets ligneux, des ronces… et délaisser les végétaux de la strate herbacée.
Elles sont également les seules à consommer des espèces peu appétées comme les bouleaux verruqueux, les aulnes glutineux, les rumex… Leur capacité à se dresser sur leur pattes arrières leur permet de manger les feuilles sur plus de deux mètres de hauteur. Ce qu’elles ne mangent pas, elles l’écorcent ou le frotte avec leurs cornes (video). Leur capacité à accéder aux milieux les plus escarpés leur donne également un avantage dans la gestion des milieux rocheux, falaises, anciennes carrières (video)… Contrairement aux moutons elles ne souffrent pas du piétin.
Inconvénients :
Par contre elles apprécient peu le temps froid et pluvieux. Revers de la médaille, une fois la pelouse restaurée, leur faire consommer de l’herbe les expose à du parasitisme et expose l’éleveur à des sorties d’enclos…
En savoir plus :
http://www.chevredelorraine.fr/
http://www.capgenes.com/spip.php?article363